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Bilan et Avenir du Programme Agroécologie de la CEDEAO

Bilan et Avenir du Programme Agroécologie de la CEDEAO

Capitalisation des acquis du Programme Agroécologie de la CEDEAO.  

 

Après sept années d’un engagement soutenu pour transformer les systèmes agricoles de l’Afrique de l’Ouest, la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) se prépare à marquer une étape cruciale. Du 20 au 22 mai 2025, la capitale économique ivoirienne, Abidjan, accueillera un important atelier de capitalisation des acquis de son Programme Agroécologie (PAE). Cet événement majeur ne sera pas seulement l’occasion de faire le point sur les réalisations du programme, mais aussi de préparer l’avenir de l’agroécologie dans la région.

Le Programme Agroécologie de la CEDEAO, lancé en 2018, arrive officiellement à son terme en mai 2025. Financé conjointement par l’Union européenne (UE) et l’Agence Française de Développement (AFD), ce programme a été conçu comme une réponse globale aux défis complexes qui touchent le secteur agro-sylvo-pastoral et halieutique ouest-africain. Il visait également à valoriser les savoirs paysans ancestraux face aux enjeux contemporains. L’atelier de capitalisation rassemblera un large éventail d’acteurs clés, avec plus de 250 participants attendus. Seront représentés les institutions publiques, les partenaires techniques et financiers, la société civile, les centres de recherche et de formation, les organisations professionnelles paysannes, et les partenaires de mise en œuvre du Programme.

 Déploiement à travers une architecture complexe et multi-acteurs.

L’ambition du PAE était de jeter les bases d’une transformation agroécologique durable des systèmes de production à travers l’ensemble des 15 États membres de la CEDEAO et de l’UEMOA. Pour atteindre cet objectif ambitieux, le programme s’est déployé à travers une architecture complexe et multi-acteurs. Sa mise en œuvre a reposé sur 15 projets pilotes concrets sur le terrain, l’établissement de 13 partenariats tripartitespour renforcer les synergies, et le soutien à 13 centres de formation. L’impact en termes de renforcement des capacités est notable, puisque plus de 72 000 personnes ont été formées aux technologies et pratiques agroécologiques grâce à ces initiatives. En outre, le programme a mis en place 15 cadres de concertation et désigné 15 correspondants nationaux afin de faciliter la mise en œuvre des actions et, surtout, d’assurer l’intégration des acquis du programme dans les politiques nationales des États membres.

Ce programme structurant a été coordonné par l’Agence Régionale pour l’Agriculture et l’Alimentation (ARAA) de la CEDEAO. Il a bénéficié de l’appui essentiel d’un consortium regroupant AVSF, IRAM et INADES Formation, ainsi que d’un vaste réseau de partenaires impliqués dans la transition agroécologique. Le succès du PAE repose sur une logique d’ancrage local fort, encourageant l’innovation participative et s’appuyant sur un dialogue politique constructif. Grâce à cette approche, le programme a significativement renforcé les dispositifs de formation dédiés à l’agroécologie et a amélioré les services d’appui-conseil offerts aux producteurs. Il a également promu le développement de partenariats multi-acteurs essentiels pour le co-développement d’innovations agroécologiques adaptées aux contextes locaux. Enfin, un effort particulier a été fait pour alimenter les politiques publiques en consolidant les cadres nationaux et régionaux de concertation sur l’agroécologie.

Une alliance régionale pour une agriculture durable,

Comme l’a souligné Madame Massandjé Touré-Litsé, Commissaire aux Affaires économiques et à l’Agriculture de la CEDEAO, « le Programme Agroécologie a permis d’ancrer des dynamiques locales tout en posant les bases d’une alliance régionale pour une agriculture durable, en misant sur la participation des producteurs et l’innovation collective ». Cette vision met en lumière la dualité du programme : agir localement tout en construisant une plateforme régionale solide pour l’avenir de l’agriculture ouest-africaine. Pour consolider et étendre ces acquis, la Commissaire a insisté sur la nécessité d’« unifier les initiatives nationales et régionales » et de « mobiliser des ressources financières flexibles et adaptées, au plus près des réalités des acteurs ».

Dans un contexte régional et mondial marqué par l’intensification des pressions environnementales et socio-économiques, les acquis du Programme Agroécologie prennent une importance particulière. Ils sont appelés à servir de levier essentiel pour renforcer la résilience des exploitations agricoles familiales, souvent les plus vulnérables face aux chocs climatiques et économiques. De plus, ces résultats doivent accélérer l’adoption à grande échelle de pratiques respectueuses des écosystèmes, contribuant ainsi à la préservation de l’environnement et à la durabilité des systèmes de production.

Au-delà de leur impact immédiat, les enseignements tirés du PAE joueront un rôle déterminant dans l’évolution de la politique agricole régionale de la CEDEAO. Ils viendront enrichir le processus de révision de l’ECOWAP 2035, la feuille de route stratégique pour le développement agricole dans la région. Les résultats et les expériences du PAE apporteront des orientations concrètes pour façonner une agriculture ouest-africaine plus durable, inclusive et souveraine, capable de nourrir ses populations tout en préservant ses ressources naturelles.

DésiRA+ Afrique de l’Ouest

L’atelier de capitalisation et de clôture de mai 2025 ne sera pas seulement un moment de bilan, mais aussi un événement de transmission collective. Il offrira une plateforme pour partager les enseignements transversaux tirés du processus de capitalisation et écouter les précieux témoignages des bénéficiaires du programme. Mais l’événement regardera aussi vers l’avenir. À cette occasion, la CEDEAO dévoilera les contours d’un nouveau projet régional d’appui à l’agroécologie. Intitulé DésiRA+ Afrique de l’Ouest, ce projet bénéficiera à nouveau du financement de l’AFD et de l’UE. Son rôle sera crucial : il prendra le relais du PAE pour consolider les acquis déjà réalisés et pour soutenir de nouvelles initiatives en faveur de l’agroécologie dans la région.

En somme, le Programme Agroécologie de la CEDEAO, par ses réalisations concrètes, la formation de dizaines de milliers de personnes, le renforcement des structures locales et régionales, et son influence sur les politiques publiques, laisse un héritage significatif. L’atelier d’Abidjan en mai 2025 marquera la fin d’un chapitre réussi et l’ouverture vers une nouvelle phase avec le projet DésiRA+, réaffirmant l’engagement de la CEDEAO et de ses partenaires en faveur d’une transition agroécologique vitale pour l’avenir de l’Afrique de l’Ouest.

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