BRIEFING NEWS : Transport Aérien, Désinformation, Financement et Défis Régionaux dans la CEDEAO.
Activités soutenues sur plusieurs fronts. La Communauté Économique des ...
Le rapport intérimaire présenté par le Président de la Commission de la CEDEAO, Dr Omar Alieu Touray, devant le Parlement régional à Abuja, met en lumière les avancées et les défis institutionnels et politiques auxquels la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest fait face au premier semestre de l’année financière 2025. Dans un contexte régional marqué par des tensions politiques et sécuritaires, la CEDEAO affiche une résilience notable de ses institutions, qui poursuivent avec détermination la mise en œuvre de projets structurants en faveur de l’intégration régionale et de la stabilité.
Parmi les points saillants du rapport, les réformes du règlement intérieur du Parlement de la CEDEAO occupent une place centrale. Ces modifications visent à instaurer une discipline accrue au sein de l’assemblée, avec notamment l’interdiction formelle d’insulter les chefs d’État ouest-africains et les collègues parlementaires, l’instauration d’une obligation de présence assortie d’un quorum strict pour l’ouverture des sessions, ainsi que l’introduction d’un équilibre linguistique et de genre dans les nominations en commission. Ces mesures traduisent une volonté claire d’améliorer le fonctionnement démocratique et la crédibilité de l’institution, bien que la première session organisée selon ces nouvelles règles ait été annulée faute de quorum, illustrant les défis pratiques à relever.
Par ailleurs, le rapport souligne l’importance cruciale d’une appropriation nationale renforcée des instruments juridiques et financiers de la CEDEAO, notamment le Protocole de prélèvement communautaire et les décisions de la Cour de justice communautaire.
Le Président Touray a insisté sur le fait que cette appropriation est indispensable pour assurer la cohérence juridique, la sécurité juridique et la viabilité financière de l’organisation, condition sine qua non pour une intégration régionale effective.
Sur le plan politique, la CEDEAO continue de jouer un rôle clé dans la médiation et la coordination entre États membres afin de gérer les crises sécuritaires et politiques qui affectent la région. Le rapport met en avant les efforts pour renforcer le dialogue politique, soutenir les transitions démocratiques et prévenir les conflits, soulignant que la paix et la stabilité restent des préalables essentiels au développement durable.
Enfin, malgré les progrès institutionnels, le rapport reconnaît que la consolidation de la gouvernance régionale demeure un défi majeur, nécessitant un engagement politique soutenu au niveau national et une coopération renforcée entre les États membres. En somme, ce rapport intérimaire illustre la détermination de la CEDEAO à renforcer ses institutions, à promouvoir la discipline et le respect dans ses organes, et à encourager une meilleure appropriation des outils communautaires par ses membres, afin de bâtir une Afrique de l’Ouest plus unie, stable et prospère.
Partenariat BIDC-ATIDI : Accord stratégique pour stimuler l’investissement privé et améliorer l’accès au financement, notamment pour les PME.
Retraite pour le personnel féminin : Organisation d’un atelier de deux jours au Nigeria pour promouvoir l’autonomisation et le leadership des femmes au sein de la CEDEAO.
L’Afrique de l’Ouest fait face à une problématique complexe liée à la consommation et au trafic de drogues illicites. La collecte, l’analyse et la gestion des données sur l’usage des drogues dans cette région sont essentielles pour élaborer des politiques efficaces de prévention, de traitement et de lutte contre le trafic. Le Réseau ouest-africain d’épidémiologie sur la consommation de drogues (WENDU), créé sous l’égide de la CEDEAO, joue un rôle central dans cette dynamique.
Le WENDU est une plateforme régionale regroupant des points focaux nationaux dans les États membres de la CEDEAO et en Mauritanie.
Ces points focaux, désignés par les gouvernements, assurent la collecte et la transmission des données sur la consommation et le trafic de drogues illicites. Le réseau vise à fournir une base d’informations fiable pour guider les décideurs politiques dans la conception de réponses adaptées aux conséquences sociales, sanitaires et économiques liées à la toxicomanie. La collecte de données couvre plusieurs types de drogues, notamment le cannabis, la cocaïne, le crack, l’héroïne, les opioïdes pharmaceutiques, la méthamphétamine et le khat. Elle inclut aussi la surveillance des médicaments contrefaits et de qualité inférieure, un phénomène préoccupant en Afrique de l’Ouest.
Le rapport WENDU 2023, quatrième du genre, révèle des tendances inquiétantes. En 2023, 11 pays ont saisi plus de 83 tonnes de drogues illicites, avec une augmentation notable des saisies de cannabis, passant de 139 tonnes en 2020 à 631 tonnes en 2021. La cocaïne et le crack figurent parmi les drogues les plus saisies, la majorité des saisies de cocaïne (95 %) ayant eu lieu au Sénégal, avec environ 7 841,58 kg saisis. Ces données montrent une diversification et une augmentation de l’offre de drogues illicites dans la région, ce qui alimente une consommation en croissance et pose des défis majeurs en matière de santé publique et de sécurité.
Malgré les progrès réalisés, plusieurs obstacles freinent une gestion optimale des données sur l’usage des drogues en Afrique de l’Ouest :
Ressources humaines et infrastructures insuffisantes : Le manque de personnel formé et d’équipements adaptés limite la qualité et la fréquence des données collectées.
Perception et stigmatisation : La stigmatisation des personnes consommant des drogues complique l’accès aux services et la collecte d’informations fiables.
Financement inadéquat : Les moyens financiers alloués à la surveillance et au traitement des troubles liés à la consommation de substances restent insuffisants.
Coordination régionale : Bien que le WENDU facilite l’échange d’informations, la coordination entre États membres pour harmoniser les méthodes de collecte et d’analyse des données demeure un défi.
Pour améliorer la situation, la CEDEAO et ses partenaires ont mis en place plusieurs initiatives :
Atelier de renforcement des capacités : En 2025, un atelier à Abuja a permis de lancer une plateforme numérique pour la gestion en temps réel des données sur les drogues, améliorant la rapidité et la précision des analyses.
Plan d’action antidrogue régional : Le rapport WENDU sert de base pour la mise en œuvre du Plan d’action de la CEDEAO contre le trafic illicite, le crime organisé et l’abus de drogues, visant à renforcer les réponses régionales et nationales.
Partenariats internationaux : Le projet ENACT, financé par l’Union européenne, collabore avec la CEDEAO pour renforcer les capacités de lutte contre la criminalité transnationale liée aux drogues.
Le renforcement des capacités, l’adoption de technologies numériques et la coopération régionale et internationale sont essentiels pour disposer de données fiables, condition sine qua non pour des politiques efficaces et adaptées à la réalité ouest-africaine.
Face à une demande croissante en riz et à une dépendance importante aux importations, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a adopté une stratégie rizicole ambitieuse pour la période 2025-2035. Présentée en mai 2025 au Salon international de l’agriculture et des ressources animales d’Abidjan (SARA 2025), cette feuille de route vise à structurer durablement la filière rizicole dans la région, avec pour objectif d’atteindre 33 millions de tonnes de riz blanchi d’ici 2035, assurant ainsi une autosuffisance alimentaire renforcée.
La stratégie rizicole 2025-2035, adoptée en Conseil des ministres de la CEDEAO, s’articule autour de sept grands axes et comprend seize actions prioritaires. Elle cible douze bassins de production à fort potentiel répartis dans l’ensemble de l’espace CEDEAO, zones identifiées pour leur capacité à dynamiser la chaîne de valeur du riz.
Ces axes couvrent notamment l’amélioration des infrastructures agricoles, la professionnalisation des acteurs, la promotion de la recherche et de l’innovation, ainsi que le renforcement des capacités des producteurs.
Pour mettre en œuvre cette feuille de route, vingt programmes d’investissement ont été définis, nécessitant des financements estimés entre 15 et 19 milliards de dollars américains. Ces fonds seront répartis entre dépenses d’investissement en capital (CAPEX) et dépenses d’exploitation (OPEX), avec un accent particulier sur les infrastructures comme les systèmes d’irrigation, les installations de stockage et de transformation, ainsi que la subvention des intrants agricoles.
La Banque africaine de développement (BAD) joue un rôle clé dans le financement de cette stratégie à travers le programme REWARD (Programme d’appui à la chaîne de valeur du riz local), doté de 650 millions de dollars. Ce programme vise à accompagner les quinze États membres dans la mise en œuvre des réformes politiques, l’amélioration des systèmes de production et la valorisation des filières locales.
Un accord signé en mars 2025 entre la BAD et la Commission de la CEDEAO prévoit un soutien de près de 12 millions de dollars pour renforcer les chaînes de valeur rizicoles, contribuant ainsi à la souveraineté alimentaire de la région et à la création d’emplois.
Actuellement, la production locale de riz dans l’espace CEDEAO ne couvre qu’environ 62 % de la demande régionale, ce qui expose la région à une forte dépendance aux importations et aux fluctuations des marchés mondiaux. La stratégie vise à réduire cette vulnérabilité en augmentant la production locale de manière durable.
Des progrès significatifs ont déjà été observés dans plusieurs pays, notamment le Mali, le Nigéria, la Côte d’Ivoire et la Sierra Leone, qui montrent la faisabilité de l’objectif fixé.
La stratégie rizicole 2025-2035 de la CEDEAO est un plan d’envergure qui combine investissements massifs, innovations techniques, renforcement des capacités et coordination régionale. Avec un financement global estimé entre 15 et 19 milliards de dollars et le soutien actif de la Banque africaine de développement, cette feuille de route ambitionne de transformer la filière rizicole ouest-africaine pour répondre aux besoins alimentaires d’une population en forte croissance.
Ce projet s’inscrit dans une vision plus large d’autosuffisance alimentaire et de développement économique durable, faisant du riz un levier stratégique pour la sécurité alimentaire et la stabilité socio-économique de l’Afrique de l’Ouest à l’horizon 2035.
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